Explications proposées
Toutes sortes d'élucubrations ont été imaginées pour expliquer de façon honorable ce surnom, qui n'a en lui-même rien de flatteur.
Des explications plus fantaisistes les unes que les autres, imaginées après coup, ont alors été avancées : allusion aux souliers supposés vernis ou aux bottes noires des premiers immigrants ou aux brodequins noirs des soldats de l'armée d'Afrique, aux jambes des colons, noircies en défrichant les marécages, etc. Certains évoquent même les Indiens Pieds-Noirs (Black-Feet) d'Amérique, qui auraient été présents dans les contingents américains qui débarquèrent en Afrique du Nord en 1942. Toutes ces explications sont probablement fausses puisque, si elles étaient vraies, la dénomination de « Pieds-Noirs » aurait été connue en Algérie, bien avant la guerre d'indépendance.
Selon d'autres attestations exprimées elles aussi après coup, le terme aurait désigné, vers 1901, des Arabes, chauffeurs sur les bateaux à vapeur traversant la Méditerranée. Selon un article récent « Vous avez dit Pieds-Noirs », paru dans le magazine Pieds Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui de janvier 1999, on explicite l'origine de ce sobriquet utilisé dans le jargon de la marine, mécanisée dès la fin du XIXe siècle : Les marins d'Algérie habitués aux températures torrides auraient été affectés aux machines à charbon, comme les « gueules noires » des mines, tandis que les marins métropolitains, armés de l'écouvillon pour graisser les canons, se seraient vu baptiser bouchons gras puis à terre : les patos » de l'espagnol « canard », à cause de leur démarche chaloupée acquise sur le pont par suite du roulis. Une photographie de 1917, portant cette mention, y est insérée. Cette dernière explication est peut-être valable pour le mot « patos », très utilisé sur place avant 1949, mais vraisemblablement pas pour le terme « Pied-Noir » qui était rigoureusement inconnu à Alger jusqu'en 1954.
Désignant les Français d'Algérie, cette appellation a pris, dès 1958, une nette connotation péjorative en métropole, notamment sous la plume de François Mauriac. Mais alors, les intéressés eux-mêmes, à l'heure où leur destin était menacé, s'en sont saisi, pour en faire l'étendard de leur identité, comme en témoignent les noms de nombreuses associations.